Sybel Flannaghan , décédée à l’âge de 55 ans en 2005
Cette talentueuse cinéaste n’a jamais connu qu’un succès d’estime. Ses films d’une extrême lenteur mais d’une très grande beauté formelle n’ont pas été des blockbusters malgré de nombreuses récompenses dans divers festivals et d’excellentes critiques. Sybel Flannaghan défraya, bien malgré elle, la chronique en 1996 à l’occasion de l’avant-première de son film ‘Clouds’.
Clouds mettait en scène Walt (interprété par Giancarlo Shönberg), docker Mercépolien sauvant de la noyade Marla (incarnée par la très belle et très populaire Trine Villapendo), toxicomane sans domicile fixe, lors des crues de la Rorowaiaru de 1967. L’œuvre très intimiste était pour l’essentiel « un dialogue souvent bouleversant, toujours intelligent entre deux êtres en errance débouchant sur une réflexion pudique et toute en nuances sur l’amour, la solitude et l’exclusion. » (Théophilus Kloot, Mercepolis Tribune)
La critique avait répondu présent à l’avant-première qui se déroulait en présence de la réalisatrice et de l’actrice principale. A la minute 62, alors qu’a l’écran se déroulait un moment empreint d’une intense émotion (Marla avouant à Walt qu’elle n’avait pas été surprise par la crue mais tentait de se suicider et lui reprochait violemment son geste héroïque) qu’apparut sur l’écran une scène d’une violence inouïe et terriblement clinique où l’on pouvait voir une femme qui semblait être Trine Villapendo, se faire démembrer à l’aide d’une scie à métaux. Sybel Flannaghan ordonna l’arrêt immédiat de la projection. Trine Villapendo, à l’instar de la réalisatrice, semblait découvrir cette séquence. Les deux femmes prétendirent ne jamais avoir tourné cette scène et l’actrice, concédant la ressemblance confondante, nia farouchement avoir tourné ces images. Leur réalisme troublant et la plainte déposée par Sybel Flannaghan, entraina l’ouverture d’une enquête de police. Les experts légistes ayant visionné les images ont estimé que celles-ci ne semblaient pas être truquées. La copié incriminée fut analysée et tous les intervenants ayant eu accès aux bobines furent soumis à un interrogatoire poussé. L’enquête, menée par l’inspecteur Nilfisk, resta stérile. A aucun moment la preuve d’un quelconque insert artisanal ne put être établie et rien ne permit d’identifier le bourreau ou la victime.
Malgré le scandale qui fit grand bruit, le film ne rencontra qu’un succès limité (450000 entrées tout de même) mais on ne compte plus les articles, les livres (une vingtaine) et depuis quelques années, les forums internet consacrés à « l’affaire Clouds ». Trine Villapendo, extrêmement traumatisée, subit une forte dépression et sa carrière connut un arrêt brutal. Sybel Flannaghan ne tourna qu’un film après Clouds (le très ésotérique et totalement incompréhensible « Gabhia Benali ») avant d’être contrainte de se retirer définitivement à la suite de la déclaration d’une maladie orpheline grave connue sous le nom de ‘Maladie de Pick’