« Arches rongées par la rouille qui s’épanche sur les pylônes au travers le silence médusé des ténèbres électriques,
Sous le drône lancinant des corps qui s’unissent & se perdent & s’unissent & se perdent encore dans les mansardes en clair-obscur,
Et les ombres frémissent contre les enseignes de néons & les ruelles absurdes & les pylônes meurtris & leurs promesses de félicité déglinguées par le va-et-vient d’autoroutes qui ne vont nulle part,
Et l’œil écarquillé, écartelé, ivre de métal dans le faisceau des phares bleutés, cherche en vain entre la peau et les machines de chair une arme contre la folie,
Et le dealer-prophète arpente, encore & encore, jusqu’à plus-faim – la sienne comme celle des Autres -, les sanglots de l’infini, jusqu’à conjurer la Terreur dans le grand cri-orgasme-sanglot des juke-boxes du Crépuscule de la Raison,
Où es-tu, Archange de la Nuit Hallucinée & de l’Extase Interdite ?
Où es-tu, Messager Tout-puissant des étreintes de verre & de métal ?
Où es-tu, Apôtre Illuminé du Sutra ironique qui hante les aubes négroïdes et chamarrées ?
Où es-tu, visage… Car je t’ai perdu le jour où j’ai perdu les plus grands esprits de ma Génération… »
(Aldon Bloomberg, « Aaaargh », Enlightened Skyline Press, 1958)