Culture

Grande rétrospective « Seldom Radditch » au Sukhumvit Plazza
par Shoshanna De Grassi (numéro de septembre de « Art Attack »)
 
 
Précurseur génial pour les uns, fumiste de seconde zone pour les autres, voilà en tous cas plus de quarante ans que Seldom Radditch fait parler de lui. Cet artiste protéiforme, toujours sur le devant de la scène et à la pointe du combat pour un art différent, est aujourd’hui mis à l’honneur par une grande rétrospective qui se tiendra à partir du 1er septembre prochain. On ne peut que se féliciter d’une telle initiative, qui montre une fois encore l’admirable travail fourni par le Comte Consuelo Santos-Des Esseintes depuis sa nomination à la tête du Mercepolian Board of Art.
 
L’exposition se veut exhaustive; elle couvrira à la fois tous les aspects et toutes les époques de l’oeuvre incontournable de l’étrange moustachu. Ainsi, une section entière sera consacrée aux oeuvres de jeunesse: premières sculptures en cérumen (« Waterloo, Morne Plaine »,  ou le très rarement exposé « A Short Sketch from the Zoulou Wars ») ou cahiers de croquis sur papier hygiénique (la fameuse série des « Red Rorschah »)… L’occasion, dès ces premières oeuvres, de découvrir le talent en gestation d’un futur provocateur. Une deuxième section permettra de redécouvrir la période jaune de l’artiste, comme ses fameuses installations évolutives à bases de matières organiques et de cultures fongiques (« Venus in Furs », ou encore « Smelly Cabbage »), ou  ses sculptures organico-olfactives (par exemple, l’installation « Dental Hygiena Dilemma », à base de dentiers usagés et de cultures bactériennes). Une troisième section offrira aux connaisseurs les plus avisés l’occasion se s’immerger dans les oeuvres plus récentes de Radditch, notamment toutes les concrétions par lesquelles il inaugura au début des années 90 la période fécale qui l’occupe encore aujourd’hui.
A noter qu’un catalogue en odorama (et évolutif lui aussi) est en vente à l’entrée du musée et qu’une partie des bénéfices sur la vente sera reversée au « Fonds d’Aide à Ravi Van Vliet ».

Droit de réponse

L’affaire fait suffisament de bruit pour que le comité de rédaction de ce site s’en fasse l’écho. Ci dessous, le communiqué que nous a adressé Clifford Mazarin:
 
« En tant qu’attaché de presse et néanmoins ami de Ravi, je souhaiterais faire taire les rumeurs affligeantes qui courent à l’heure actuelle à propos de mon client… et néanmoins ami.
Il est vrai que Ravi a été fort éprouvé par les événements récents; le décès par autostrangulation de Trika Penderecki (dont il avait été fort proche durant les années 90, en particulier au moment de son fameux « lost weekend »), l’échec retentissant de « Cutting Pilchards With My Balls », son premier album solo, ainsi que le succès assez moyen de « Dance With Jellyfish », le long métrage de Dizzy Del Pueyo dans lequel il interprète un mécanicien-dentiste dopé aux anabolisants… tant d’épreuves qu’il lui a fallu traverser à un moment qu’il considère lui-même comme un tournant dans sa carrière.
Cela dit, je tiens à démentir les allégations calomnieuses visant à ternir la réputation de cet artiste sans compromission qu’est Ravi, en essayant notamment de le faire passer pour un junkie de bas étage… Ravi n’est pas Bong Karajan… dOt n’est pas Bang Lassi… Qu’on arrête de mettre toute la scène mercépolienne dans le même panier; je ne vois pas pourquoi l’arrogance et le comportement scandaleux de certains pseudo-rockers aux prétentions artistico-littéraires de Rimbaud à la petite semaine devraient rejaillir sur de véritables artistes engagés comme Ravi VanVliet… Du reste, il n’y a jamais rien eu de commun entre la scène Ang Tonienne, une scène vivifiante et pleine d’avenir, et le psychédélisme provocateur de LaFayette et ses comparses.
Une souscription vient du reste d’être lancée par les amis de Ravi afin de l’aider à payer ses dépenses médicales (il est un peu dans le besoin pour le moment). »

Souvenir

Il n’y a pas si longtemps… Extrait du ‘Mercepolis today’ du 18 novembre 1976 (sous la plume de Nina Atika, femme de droite s’il en est)


Les femmes, l’avenir de Mercépolis.

 
Le régime clairvoyant de Mercépolis proclame le retour de « La Femme au Foyer » et prône une idéologie recadrant sur l’importance essentielle de la cellule familiale. En effet pour contrer l’augmentation de la délinquance, c’est non seulement sur la police, mais aussi sur l’éducation que mise l’exécutif de Mercépolis. Poltar Bartoj, délégué affaires intérieures déclarait aujourd’hui à l’occasion d’une conférence de presse « Ce n’est que dans la surveillance et le suivi soutenu des jeunes générations que nous pourrons construire le futur de Mercépolis. Et les mères, centre du foyer ont ce pouvoir ». A partir de janvier 1977, il sera donc expressément recommandé aux femmes ayant des enfants en bas âge de ne plus travailler. Quant à celles dont les petits sont scolarisés, elles devront abandonner leur emploi aux heures de fermeture des écoles. Enfin, au niveau des entreprises, des mesures seront prises de manière à libérer les mères des postes à trop lourdes responsabilités.

Remarquons que dans sa sagesse, notre gouvernement permet aussi de réduire considérablement le taux de chômage.

« La tranquillité et le plein emploi, c’est le Mercépolis du futur. »


Fait divers

On apprend l’hospitalisation d’urgence du violoniste Ravi Van Vliet tôt ce matin.

C’est vers la fin du cocktail donné sur son yacht que le musicien a été retrouvé inanimé par sa compagne Fiona Meteor.

Alors que Chuck Bolton, son impresario, se veut rassurant en parlant d’ « un léger malaise dû au surmenage », le porte-parole du San Andreas Hospital évoquait pour sa part une catalepsie profonde suite à une surdose de pentoxyde de lophophorine (substance plus connue sous l’appellation « Miss Piel »).

La divergence des explications pourrait prêter à sourire si cette drogue très en vogue dans les milieux huppés ne faisait de tels ravages (la disparition tragique du pilote automobile Kurt Maybaum en juin dernier est encore dans les mémoires).

En outre, les multiples addictions du musicien ne sont un secret pour personne et expliquent en partie sa carrière en dents de scie. Les fans quant à eux craignent que ce nouvel incident ne compromette sérieusement la tournée européenne de dOt qui doit commencer à Bruxelles le 10 septembre prochain.

Télévision

Changement de programme de dernière minute ce soir sur Channel 3: le documentaire ‘The unauthorized biography of Hopper Nilfisk‘ a été déprogrammé et sera remplacé par le film « Psycho groom meets killing bride » de Rip Lipikar avec Tong Lungenkrebs et Marla Tee.
 
Les responsables de Channel 3 n’ont pas souhaité répondre à nos questions.

Télévision

La rentrée approche, et avec elle le désormais traditionnel jeu de chaises musicales du P.A.M. (Paysage Audiovisuel Mercepolien). Et comme chaque fois, c’est un jeu qui a ses perdants et ses gagnants.

Dans la première catégorie, on citera le malheureux Cole Papadiamandis, dont le talk-show quotidien consacré à la musique folklorique ne se voit plus confier qu’un rendez-vous hebdomadaire et en fin de soirée. Commentaire à demi-mot de la chaîne KYM2 : « Il nous a semblé que l’image de Papadiamandis n’était plus tout à fait en phase avec celle que nous entendons donner à nos téléspectateurs ». Pour ceux qui lisent entre les lignes, les programmateurs de « Celebrity Minefields » entendent rajeunir l’audience et l’animateur moustachu et sexagénaire ne repris plus les conditions requises !

Quant au grand vainqueur de la saison, c’est sans aucun doute Krish Banzaï (photo), dont le talk-show « In Bed With Krish Banzaï » passe en prime-time sur Channel 3 et devient quant à lui quotidien. Et, comme un bonheur ne vient jamais seul, en particulier dans le monde impitoyable des coulisses télévisuelles, ce sera le même Krish Banzaï qui officiera comme maître de cérémonie pour les festivités très attendues du 10 septembre. Rappelons que le show qui se tiendra dans la capitale de l’Europe en cette occasion sera retransmis en mondiovision et proposera une affiche mercépolienne sans précédent. Décidément, l’animateur blond au sourire d’ange a le vent en poupe !

Opinions

Alerte aux micro-traducteurs !

 

Il y a quelques mois a été déposé sur le marché un nouvel appareil chargé de résoudre certains conflits linguistiques. MERCEPOLIS, étrange noyau-indépendant à la croisée de TOUS les chemins, parlait à l’origine une multitude de langues, divisées par quartiers, classes-sociales, corps de métiers… Petit à petit des dialectes se sont créés, des prononciations particulières sont apparues, des mélanges formés dans l’anarchie la plus extrême ont donné vie à une confusion de plus en plus importante. Par réaction des groupes extrémistes, des organismes privés, des médias tentaculaires, ont même commencé à créer leurs propres langues.

« Tout ça, ça commence à être pire que du chinois ! » dit le 16 septembre dernier Clarios Moklozitan (ex-Président de Mirobolis Campbell1) quand les journalistes lui ont demandé son avis sur la chose (il avait plusieurs fois, avant d’être démis de ses fonctions, refusé l’entrée en vigueur d’une langue unique et inébranlable au sein de la cour du Roi de la Tour Prinsfring2).

Et il se mit ainsi immédiatement à la création de micro-traducteurs sous-cutanés. Il y a juste à les greffer au niveau du palais et du tympan, puis à choisir sa langue d’élocution ainsi que sa langue d’écoute (les deux pouvant être différentes). Ensuite il n’y a normalement plus de problèmes de compréhension. Cet outil précieux et pratique a déjà été acheté par plus de 43% de la population de MERCEPOLIS (à noter que les 17% plus riches ont reçu l’appareil gratuitement par la nouvelle société de Clarios Moklozitan, Diaglamine & Cie)

Mais le problème a été de vouloir également incorporer le langage des signes. Certains messages ont été soit mal traduits, soit volontairement faussés (l’enquête est en cours) et engendrent des affrontements armés très violents. Des injures à connotations raciales ont remplacé des formules de politesse basiques.

Nous en sommes actuellement à 2745 morts et 12603 blessés, dont plus de la moitié en état très critiques.

Les micros-traducteurs sont actuellement toujours en vente libre. Des poursuites judiciaires ne sont toujours pas lancées, les associations de soutien des malentendants ayant du mal à se faire comprendre par le système judiciaire.

Jusqu’où cela va-t-il aller ?

Clarios Moklozitan est actuellement introuvable…

 

Arkila Barbitané, pour le journal Le Tri

 

 

 

1 Association de Sauvegarde des Droits Princiers

2 En septième place des familles les plus riches de MERCEPOLIS


Patriotisme

A l’occasion de la finale de cricket à 7 opposant l’équipe de Voherbilt à celle de Salam Iodda et devant une foule particulièrement attentive et émue, le ténor Javtokas Chiacig (visiblement très bien remis de ses problèmes d’alcool qui eurent un moment raison de sa voix) a interprété pour la première fois en public la version de notre hymne national composé par Brad Chandernagor. Nous sommes heureux de pouvoir vous présenter un extrait de ce vibrant chant patriotique avec l’aimable autorisation de l’interprète et du compositeur. Ecoutez le ici

 

Le comité de rédaction de ce blog en profite, suite à vos nombreux courriers, pour vous proposer une traduction française de notre hymne.

 

O, fière et puissante cité sous le soleil
Où notre peuple oeuvre depuis le temps des temps
Grand est l’amour que nous te portons
Car sur tes rives nous sommes nés libres

Gloire à toi, ville mère qui est la mienne
Puisse éternellement ta grandeur éclairer
les bords de la rivière Rorowaiaru
ainsi que nos coeurs fidèles et sincères

Unis fermement nous chantons à la gloire de
ta force, ta splendeur et ta grâce
Toujours nous chercherons à honorer ton nom
A nous le labeur, à toi la renommée

Notre reine aimée de la côte
Plus puissante avec chaque marée
Puisse ta merci descendre sur nous tous
Et briser la main qui cherche à te faire tomber

 

Le public bruxellois aura le privilège de découvrir une interprétation publique de cet hymne et d’autres versions à l’occasion de la réception-concert organisée le 10 septembre 2005 à Bruxelles (voir détails ci-contre)









Littérature

Article de Sarah Karabandra paru dans le magazine ‘O’

 

 

« Ce qui fonde le coeur d’une diaspora, c’est son langage. Et Mercépolis est au croisement des langues, elle a le coeur mobile » disait Lagaan Burdrucha dans son récent entretien avec Eveen Bedock sur M-radio. Son troisième roman qui paraît cette semaine aux éditions Du labile (347 pages, 32 couronnes mercépoliennes) semble être tout entier construit autour de cette relation essentielle, même charnelle ou organique à la langue, aux langues, devrait-on dire.

Noir de fumée est en effet une histoire qui s’articule dans le frottement du langage, de toutes ces langues européennes qui ont traversé l’histoire de Lagaan Burdrucha (1) et de Mercépolis. Les destins s’y croisent, s’y répondent, s’y interpellent sans cesse soumis à l’incompréhension. Ce sont les expériences de confrontation à une langue manquante, comme pourrait le noter Régine Robin (2) ou à l’inverse aux multiples sens que proposent : non seulement la polysémie, mais aussi le multilinguisme si spécifique à notre mégapole, qui creusent les écarts et les mésententes. Des portraits croisés, des destins qui se télescopent suivant le kaléidoscope troublant de l’erreur d’interprétation, de la fausseté, du mensonge ou du double sens. C’est un abîme qu’ouvre ce roman : l’abîme entre ce que l’on dit et de ce que l’autre entend.

Un fou de la fugue et La Femme oubliée traitaient déjà cette tension, mais ici, lorsque Bendon rencontre Leany ou lorsque le destin fait se croiser Candaa et Hopter, ce sont bien des origines, des lieux et par extension, des langues qui se mêlent. La parole incertaine et instable de l’amour devient tout l’enjeu des relations. Et peu à peu, les corps se frottent, se délitent jusqu’à n’être plus que ce langage qui les inscrit, que ces accents qui les verbalisent.

Noir de fumée est un grand roman, le roman d’un auteur désormais fortement inscrit dans le paysage littéraire de Mercépolis et de l’Europe. On peut retenir à cet égard sa sélection pour le prix International du roman moderne qui se déroulera cette année à Barcelone (3). Nous sommes en droit d’espérer voir là un texte qui saura représenter la vivacité, la créativité si spécifiques à notre ville.




(1) Pour mieux connaître cet auteur central de la nouvelle génération des écrivains mércépoliens, on se reportera au dossier qui lui est consacré dans le numéro de mai 2004 de Constances.

 

(2) Le Deuil de l’origine, Une langue en trop, la langue en moins. (PUV 1993)

 

(3) Pour l’édition de 2005, le prix ne sera remis en décembre, puisque le décès de Claude Simon qui devait présider le jury retarde de manière conséquente l’organisation.

Vie publique

Finale a suspense ce dimanche pour l’émission de téléréalité « Ambassadorial ». Après 10 semaines d’épreuves diverses souvent cocasses, parfois dangereuses, les mercépoliens ont élu avec 51% des votes, le sympathique Zeb Petlola. (49% des voix pour son malheureux challenger Satyen Müürsep)

 

Pour rappel, l’enjeu de ce jeu était pour les candidats de rejoindre le corps diplomatique de Mercepolis sans passer par de fastidieux et rébarbatifs concours diplomatiques et autres examens administratifs.

 

Zeb Petlola fut dans la foulée nommé consul de Mercepolis à Bruxelles et prendra ses fonctions dans les jours qui viennent… Le précédent consul, Art Afroudakis, ayant accidentellement perdu la vie dans les bras d’une prostituée anversoise visiblement trop zélée.